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Documentation PostgreSQL 17.2 » Langage SQL » Définition des données » Droits

5.8. Droits #

Quand un objet est créé, il se voit affecter un propriétaire. Le propriétaire est normalement le rôle qui a exécuté la requête de création. Pour la plupart des objets, l'état initial est que seul le propriétaire et les superutilisateurs peuvent faire quelque chose avec cet objet. Pour permettre aux autres rôles de l'utiliser, des droits doivent être donnés.

Il existe un certain nombre de droits différents : SELECT, INSERT, UPDATE, DELETE, TRUNCATE, REFERENCES, TRIGGER, CREATE, CONNECT, TEMPORARY, EXECUTE, USAGE, SET, ALTER SYSTEM et MAINTAIN. Les droits applicables à un objet particulier varient selon le type d'objet (table, fonction...). Plus de détails sur la signification de ces droits sont donnés ci-dessous. La section et les chapitres suivants présentent l'utilisation de ces droits.

Le droit de modifier ou détruire un objet est inhérent au propriétaire de l'objet et ne peut ni être donné ni être enlevé. Néanmoins, comme tous les droits, il peut être hérité pour les membres du rôle propriétaire ; voir Section 21.3.)

Un objet peut se voir affecter un nouveau propriétaire avec la commande ALTER correspondant à l'objet, par exemple

ALTER TABLE nom_table OWNER TO nouveau_propriétaire;

Les superutilisateurs peuvent toujours le faire. Les rôles ordinaires ne peuvent le faire que s'ils sont le propriétaire actuel de l'objet (ou qu'ils héritent des droits du rôle propriétaire) et qu'ils sont capables d'exécuter SET ROLE vers le nouveau rôle propriétaire.

La commande GRANT est utilisée pour accorder des droits. Par exemple, si joe est un rôle et comptes une table, le droit de modifier la table comptes peut être accordé à joe avec :

GRANT UPDATE ON comptes TO joe;

Écrire ALL à la place d'un droit spécifique accorde tous les droits applicables à ce type d'objet.

Le nom de « rôle » spécial PUBLIC peut être utilisé pour donner un droit à tous les rôles du système. De plus, les rôles de type « group » peuvent être configurés pour aider à la gestion des droits quand il y a beaucoup d'utilisateurs dans une base -- pour les détails, voir Chapitre 21.

Pour révoquer un droit précédemment donné, on utilise la commande nommée REVOKE, comme dans l'exemple ci-dessous :

REVOKE ALL ON comptes FROM PUBLIC;

Habituellement, seul le propriétaire de l'objet ou un superutilisateur peuvent accorder ou révoquer les droits sur un objet. Néanmoins, il est possible de donner un droit « avec possibilité de transmission »(« with grant option »), qui donne à celui qui le reçoit le droit de donner ce droit à d'autres. Si cette option est ensuite révoquée, alors tous ceux qui ont reçu ce droit par cet utilisateur(directement ou indirectement via la chaîne des dons) perdent ce droit. Pour les détails, voir les pages de références GRANT et REVOKE.

Le propriétaire d'un objet peut décider de révoquer ses propres droits standards. Par exemple, il peut rendre une table en lecture seule pour eux comme pour les autres. Mais les propriétaires sont toujours traités comme ayant le droit de donner des droits, pour qu'ils puissent toujours retrouver leur anciens droits.

Les droits disponibles sont :

SELECT #

Autorise SELECT de n'importe quelle colonne, ou colonnes, désignée(s) d'une table, vue, vue matérialisée ou tout autre objet utilisable comme une table. Permet aussi l'utilisation de COPY TO. Ce droit est aussi nécessaire pour référencer les valeurs actuelles d'une colonne dans UPDATE, DELETE ou MERGE. Pour les séquences, ce droit permet aussi d'utiliser la fonction currval. Pour les « Large Objects », ce droit permet de lire l'objet binaire.

INSERT #

Permet l'INSERT d'une nouvelle ligne dans une table, vue, etc. Peut être accordé sur des colonnes spécifiques, auquel cas seules ces colonnes pourront être affectées dans l'ordre INSERT (les autres commandes recevront alors les valeurs par défaut). Permet aussi d'utiliser COPY FROM.

UPDATE #

Autorise l'UPDATE de n'importe quelle colonne, ou colonnes, désignée(s) d'une table, vue, etc.(En pratique, toute commande UPDATE non triviale requiert en plus le droit SELECT puisqu'il faut se référer aux colonnes de la table pour déterminer les lignes à mettre à jour et/ou calculer les nouvelles valeurs des colonnes.) SELECT ... FOR UPDATE et SELECT ... FOR SHARE requièrent aussi ce droit sur au moins une colonne, en plus du droit SELECT. Pour les séquences, ce droit autorise l'usage des fonctions nextval et setval. Pour les « Large Objects », ce droit permet d'écrire dans l'objet ou de le tronquer.

DELETE #

Permet le DELETE d'une ligne dans une table, vue, etc. (En pratique, toute commande DELETE non triviale nécessite aussi le droit SELECT puisqu'il faut lire les colonnes de la table pour déterminer les lignes à supprimer.)

TRUNCATE #

Permet TRUNCATE sur une table.

REFERENCES #

Permet la création de clés étrangères référençant une table, ou des colonnes spécifiques d'une table.

TRIGGER #

Permet la création d'un trigger sur une table, vue, etc.

CREATE #

Pour les bases de données, autorise la création de nouveaux schémas et publications dans la base, et autorise l'installation d'extensions de confiance dans la base de données.

Pour les schémas, autorise la création de nouveaux objets dans le schéma. Pour renommer un objet existant, vous devez posséder l'objet et posséder ce droit pour le schéma de l'objet.

Pour les tablespaces, permet de créer des tables, index et fichiers temporaires dans le tablespace, et de créer des bases de données ayant ce tablespace comme tablespace par défaut.

Notez que révoquer ce droit ne modifiera pas l'emplacement des objets.

CONNECT #

Permet au bénéficiaire de ce droit de se connecter à la base de données. Ce droit est vérifié au démarrage de la connexion(en plus de la vérification de toute restriction imposée par le fichier pg_hba.conf).

TEMPORARY #

Permet aux tables temporaires d'être créées dans la base de données.

EXECUTE #

Permet d'appeler une fonction ou procédure, y compris en utilisant des opérateurs implémentés par-dessus la fonction. C'est le seul type de droit applicable aux fonctions et procédures.

USAGE #

Pour les langages procéduraux, permet d'utiliser le langage pour la création de fonctions. C'est le seul type de droit applicable aux langages procéduraux.

Pour les schémas, permet l'accès aux objets contenus dans le schéma (à supposer que les droit d'accès requis par les objets soient aussi respectés). Cela autorise essentiellement le bénéficiaire à « rechercher » des objets dans le schéma. Sans ce droit, il reste possible de voir les noms des objets, par exemple en consultant les catalogues système. Après révocation de ce droit, les sessions existantes peuvent avoir des ordres ayant précédemment effectué cette recherche, donc ce n'est pas une manière totalement sûre d'interdire l'accès à un objet.

Pour les séquences, permet l'utilisation des fonctions currval et nextval.

Pour les types et domaines, permet l'utilisation du type ou domaine dans la création de tables, fonctions et autres objets. (Notez que ce droit ne contrôle pas l'« utilisation » de ce type, comme les valeurs apparaissant dans les requêtes. Il se limite à interdire la création d'objets qui dépendent de ce type. Le but principal de ce droit est de contrôler quels utilisateurs peuvent créer des dépendances envers un type, qui pourraient empêcher le propriétaire de modifier le type plus tard.)

Pour les foreign data wrappers, permet la création de nouveaux serveurs avec ce wrapper.

Pour les serveurs distants (foreign servers), permet la création de tables distantes utilisant le serveur. Les bénéficiaires du droit peuvent créer, modifier, supprimer leurs propres correspondances d'utilisateurs (user mappings) associées à ce serveur.

SET #

Permet la configuration d'un paramètre à une nouvelle valeur dans la session en cours. (Bien que ce droit puisse être donné pour tout paramètre, ce ne serait pas sensé sauf pour les paramètres qui nécessitent l'attribut SUPERUSER pour le configurer.)

ALTER SYSTEM #

Permet la configuration d'un paramètre du serveur avec une nouvelle valeur en utilisant la commande ALTER SYSTEM.

MAINTAIN #

Permet VACUUM, ANALYZE, CLUSTER, REFRESH MATERIALIZED VIEW, REINDEX et LOCK TABLE sur une relation.

Les droits requis par d'autres commandes sont listés sur la page de référence de la commande.

Par défaut, PostgreSQL accorde des droits sur certains types d'objets à PUBLIC dès la création des objets. Aucun droit n'est accordé à PUBLIC par défaut sur les tables, colonnes de table, séquences, foreign data wrappers, serveurs distants, large objects, schémas, tablespaces et paramètres de configuration. Pour les autres types d'objets, les droits par défaut accordés à PUBLIC sont les suivants : sur les bases de données : les droits CONNECT et TEMPORARY(création de table temporaire) ; sur les fonctions et procédures : le droit EXECUTE  ; et sur les langages et types de données (y compris les domaines) : le droit USAGE. Bien sûr, le propriétaire de l'objet peut révoquer, à l'aide de la commande REVOKE, les droits par défaut comme ceux expressément accordés. (Pour une sécurité maximale, ordonnez REVOKE dans la même transaction que celle qui crée l'objet ; il n'y a alors aucune fenêtre où un autre utilisateur peut utiliser l'objet.) Ces droits par défaut peuvent aussi être remplacés avec la commande ALTER DEFAULT PRIVILEGES.

Tableau 5.1 liste les abréviations à une lettre utilisées pour les types de droits dans les valeurs des ACL (listes de contrôle d'accès). Vous verrez ces lettres dans la sortie des commandes psql plus bas, ou en consultant les colonnes ACL des catalogues système.

Tableau 5.1. Abréviations des droits dans les ACL

DroitAbréviationTypes d'objets concernés
SELECTr (« read ») LARGE OBJECT, SEQUENCE, TABLE (et objets similaires à des tables), colonne de table
INSERTa (« append »)TABLE, colonne de table
UPDATEw (« write ») LARGE OBJECT, SEQUENCE, TABLE, colonne de table
DELETEdTABLE
TRUNCATEDTABLE
REFERENCESxTABLE, colonne de table
TRIGGERtTABLE
CREATEC DATABASE, SCHEMA, TABLESPACE
CONNECTcDATABASE
TEMPORARYTDATABASE
EXECUTEXFUNCTION, PROCEDURE
USAGEU DOMAIN, FOREIGN DATA WRAPPER, FOREIGN SERVER, LANGUAGE, SCHEMA, SEQUENCE, TYPE
SETsPARAMETER
ALTER SYSTEMAPARAMETER
MAINTAINmTABLE

Tableau 5.2 résume les droits disponibles pour chaque objet SQL, avec les abréviations ci-dessus. Il affiche aussi la commande psql à utiliser pour consulter les valeurs des droits de chaque type d'objet.

Tableau 5.2. Résumé des droits d'accès

Type d'objetTous les droitsDroits par défaut pour PUBLICCommande psql
DATABASECTcTc\l
DOMAINUU\dD+
FUNCTION ou PROCEDUREXX\df+
FOREIGN DATA WRAPPERUaucun\dew+
FOREIGN SERVERUaucun\des+
LANGUAGEUU\dL+
LARGE OBJECTrwaucun\dl+
PARAMETERsAaucun\dconfig+
SCHEMAUCaucun\dn+
SEQUENCErwUaucun\dp
TABLE (et objets similaires)arwdDxtmaucun\dp
Colonne de tablearwxaucun\dp
TABLESPACECaucun\db+
TYPEUU\dT+

Les droits accordés à un objet particulier sont affichés comme une liste d'entrées aclitem, chacune ayant le format :

grantee=privilege-abbreviation[*].../grantor

Chaque aclitem liste tous les droits d'un rôle qui ont été donnés par un rôle particulier. Les droits spécifiques sont représentés par des abréviations sur une lettre à partir de Tableau 5.1, avec un * ajouté si le droit a été donné avec l'option grant. Par exemple, calvin=r*w/hobbes indique que le rôle calvin a le droit SELECT (r) avec possibilité de transmission (« with grant option ») ainsi que le droit UPDATE (w), sans retransmission possible ; droits accordés tous les deux par le rôle hobbes. Si calvin a aussi des droits sur le même objet accordés par un autre utilisateur, ils apparaîtraient comme une entrée aclitem séparée. Un champ vide dans un aclitem indique PUBLIC.

Par exemple, supposons que l'utilisateur miriam crée une table mytable et fasse :

GRANT SELECT ON mytable TO PUBLIC;
GRANT SELECT, UPDATE, INSERT ON mytable TO admin;
GRANT SELECT (col1), UPDATE (col1) ON mytable TO miriam_rw;

alors dans psql, la commande \dp afficherait :

=> \dp mytable
                                   Access privileges
 Schema |  Name   | Type  |   Access privileges    |   Column privileges   | Policies
--------+---------+-------+------------------------+-----------------------+----------
 public | mytable | table | miriam=arwdDxtm/miriam+| col1:                +|
        |         |       | =r/miriam             +|   miriam_rw=rw/miriam |
        |         |       | admin=arw/miriam       |                       |
(1 row)

Si la colonne « Droits d'accès » est vide pour un objet donné, cela signifie que l'objet a les droits par défaut(c'est-à-dire que l'entrée des droits dans les catalogues systèmes est NULL). Les droits par défaut incluent toujours tous les droits pour le propriétaire, et peuvent inclure certains droits pour PUBLIC en fonction du type d'objet comme expliqué plus haut. La première commande GRANT ou REVOKE sur un objet va instancier les droits par défaut (en produisant, par exemple, miriam=arwdDxt/miriam) puis les modifier selon la requête. De manière similaire, des entrées ne sont affichées dans « Droits d'accès à la colonne » que pour les colonnes qui n'ont pas les droits par défaut.(Note : dans ce contexte, on entend par « droits par défaut » les droits par défaut intégrés à PostgreSQL pour le type d'objet. Un objet dont les droits auront été affectés par une commande ALTER DEFAULT PRIVILEGES montrera toujours une entrée de droits explicite qui inclue les effets du ALTER.)

Notez que les droits de transmission (grant option) implicites ne sont pas indiqués dans l'affichage des droits d'accès. Un * n'apparaîtra que si la transmission a été explicitement accordée à quelqu'un.

La colonne « Access privileges » affiche (none) quand les droits de l'objet sont non nuls mais vides. Cela signifie qu'aucun droit n'a été donné, y compris au propriétaire de l'objet -- une situation rare. (Le propriétaire a toujours l'option grant implicite dans ce cas, et peut donc se redonner des droits, mais il n'en a aucun pour l'instant.)