Quand un objet est créé, il se voit affecter un propriétaire. Le propriétaire est normalement le rôle qui a exécuté la requête de création. Pour la plupart des objets, l'état initial est que seul le propriétaire et les superutilisateurs peuvent faire quelque chose avec cet objet. Pour permettre aux autres rôles de l'utiliser, des droits doivent être donnés.
Il existe un certain nombre de droits différents :
SELECT
, INSERT
,
UPDATE
, DELETE
,
TRUNCATE
, REFERENCES
,
TRIGGER
, CREATE
,
CONNECT
, TEMPORARY
,
EXECUTE
, USAGE
,
SET
et ALTER SYSTEM
.
Les droits
applicables à un objet particulier varient selon le type d'objet
(table, fonction...). Plus de détails sur la signification de ces droits
sont donnés ci-dessous. La section et les chapitres suivants présentent
l'utilisation de ces droits.
Le droit de modifier ou détruire un objet est inhérent au propriétaire de l'objet et ne peut ni être donné ni être enlevé. Néanmoins, comme tous les droits, il peut être hérité pour les membres du rôle propriétaire ; voir Section 22.3.)
Un objet peut se voir affecter un nouveau propriétaire avec la commande
ALTER
correspondant à l'objet, par exemple
ALTER TABLEnom_table
OWNER TOnouveau_propriétaire
;
Les superutilisateurs peuvent toujours le faire. Les rôles ordinaires ne peuvent le faire que s'ils sont le propriétaire actuel de l'objet (ou un membre du rôle propriétaire) et un membre du nouveau rôle propriétaire.
La commande GRANT est utilisée pour accorder des
droits. Par exemple, si joe
est un rôle et
comptes
une table, le droit de modifier la table
comptes
peut être accordé à joe
avec :
GRANT UPDATE ON comptes TO joe;
Écrire ALL
à la place d'un droit spécifique accorde tous
les droits applicables à ce type d'objet.
Le nom de « rôle » spécial PUBLIC
peut être
utilisé pour donner un droit à tous les rôles du système. De plus, les
rôles de type « group » peuvent être configurés pour aider à la
gestion des droits quand il y a beaucoup d'utilisateurs dans une base
-- pour les détails, voir Chapitre 22.
Pour révoquer un droit précédemment donné, on utilise la commande nommée REVOKE, comme dans l'exemple ci-dessous :
REVOKE ALL ON comptes FROM PUBLIC;
Habituellement, seul le propriétaire de l'objet ou un superutilisateur peuvent accorder ou révoquer les droits sur un objet. Néanmoins, il est possible de donner un droit « avec possibilité de transmission »(« with grant option »), qui donne à celui qui le reçoit le droit de donner ce droit à d'autres. Si cette option est ensuite révoquée, alors tous ceux qui ont reçu ce droit par cet utilisateur(directement ou indirectement via la chaîne des dons) perdent ce droit. Pour les détails, voir les pages de références GRANT et REVOKE.
Le propriétaire d'un objet peut décider de révoquer ses propres droits standards. Par exemple, il peut rendre une table en lecture seule pour eux comme pour les autres. Mais les propriétaires sont toujours traités comme ayant le droit de donner des droits, pour qu'ils puissent toujours retrouver leur anciens droits.
Les droits disponibles sont :
SELECT
Autorise SELECT
de n'importe quelle colonne, ou
colonnes, désignée(s) d'une table, vue, vue matérialisée ou tout autre
objet utilisable comme une table. Permet aussi l'utilisation de
COPY TO
. Ce droit est aussi nécessaire pour
référencer les valeurs actuelles d'une colonne dans
UPDATE
, DELETE
ou MERGE
. Pour les
séquences, ce droit permet aussi d'utiliser la fonction
currval
. Pour les « Large Objects », ce
droit permet de lire l'objet binaire.
INSERT
Permet l'INSERT
d'une nouvelle ligne dans une table,
vue, etc. Peut être accordé sur des colonnes spécifiques, auquel cas
seules ces colonnes pourront être affectées dans l'ordre
INSERT
(les autres commandes recevront alors les
valeurs par défaut). Permet aussi d'utiliser COPY
FROM
.
UPDATE
Autorise l'UPDATE
de n'importe quelle colonne, ou
colonnes, désignée(s) d'une table, vue, etc.(En pratique, toute
commande UPDATE
non triviale requiert en plus le
droit SELECT
puisqu'il faut se référer aux colonnes
de la table pour déterminer les lignes à mettre à jour et/ou calculer
les nouvelles valeurs des colonnes.) SELECT ... FOR
UPDATE
et SELECT ... FOR SHARE
requièrent
aussi ce droit sur au moins une colonne, en plus du droit
SELECT
. Pour les séquences, ce droit autorise
l'usage des fonctions nextval
et
setval
. Pour les « Large Objects », ce
droit permet d'écrire dans l'objet ou de le tronquer.
DELETE
Permet le DELETE
d'une ligne dans une table, vue,
etc. (En pratique, toute commande DELETE
non
triviale nécessite aussi le droit SELECT
puisqu'il
faut lire les colonnes de la table pour déterminer les lignes à
supprimer.)
TRUNCATE
Permet TRUNCATE
sur une table.
REFERENCES
Permet la création de clés étrangères référençant une table, ou des colonnes spécifiques d'une table.
TRIGGER
Permet la création d'un trigger sur une table, vue, etc.
CREATE
Pour les bases de données, autorise la création de nouveaux schémas et publications dans la base, et autorise l'installation d'extensions de confiance dans la base de données.
Pour les schémas, autorise la création de nouveaux objets dans le schéma. Pour renommer un objet existant, vous devez posséder l'objet et posséder ce droit pour le schéma de l'objet.
Pour les tablespaces, permet de créer des tables, index et fichiers temporaires dans le tablespace, et de créer des bases de données ayant ce tablespace comme tablespace par défaut.
Notez que révoquer ce droit ne modifiera pas l'emplacement des objets.
CONNECT
Permet au bénéficiaire de ce droit de se connecter à la base de
données. Ce droit est vérifié au démarrage de la connexion(en plus de
la vérification de toute restriction imposée par le fichier
pg_hba.conf
).
TEMPORARY
Permet aux tables temporaires d'être créées dans la base de données.
EXECUTE
Permet d'appeler une fonction ou procédure, y compris en utilisant des opérateurs implémentés par-dessus la fonction. C'est le seul type de droit applicable aux fonctions et procédures.
USAGE
Pour les langages procéduraux, permet d'utiliser le langage pour la création de fonctions. C'est le seul type de droit applicable aux langages procéduraux.
Pour les schémas, permet l'accès aux objets contenus dans le schéma (à supposer que les droit d'accès requis par les objets soient aussi respectés). Cela autorise essentiellement le bénéficiaire à « rechercher » des objets dans le schéma. Sans ce droit, il reste possible de voir les noms des objets, par exemple en consultant les catalogues système. Après révocation de ce droit, les sessions existantes peuvent avoir des ordres ayant précédemment effectué cette recherche, donc ce n'est pas une manière totalement sûre d'interdire l'accès à un objet.
Pour les séquences, permet l'utilisation des fonctions
currval
et nextval
.
Pour les types et domaines, permet l'utilisation du type ou domaine dans la création de tables, fonctions et autres objets. (Notez que ce droit ne contrôle pas l'« utilisation » de ce type, comme les valeurs apparaissant dans les requêtes. Il se limite à interdire la création d'objets qui dépendent de ce type. Le but principal de ce droit est de contrôler quels utilisateurs peuvent créer des dépendances envers un type, qui pourraient empêcher le propriétaire de modifier le type plus tard.)
Pour les foreign data wrappers, permet la création de nouveaux serveurs avec ce wrapper.
Pour les serveurs distants (foreign servers), permet la création de tables distantes utilisant le serveur. Les bénéficiaires du droit peuvent créer, modifier, supprimer leurs propres correspondances d'utilisateurs (user mappings) associées à ce serveur.
SET
Permet la configuration d'un paramètre à une nouvelle valeur dans la
session en cours. (Bien que ce droit puisse être donné pour tout
paramètre, ce ne serait pas sensé sauf pour les paramètres qui
nécessitent l'attribut SUPERUSER
pour le configurer.)
ALTER SYSTEM
Permet la configuration d'un paramètre du serveur avec une nouvelle valeur en utilisant la commande ALTER SYSTEM.
Les droits requis par d'autres commandes sont listés sur la page de référence de la commande.
Par défaut, PostgreSQL accorde des droits sur certains types d'objets à
PUBLIC
dès la création des objets. Aucun droit n'est
accordé à PUBLIC
par défaut sur les tables, colonnes de
table, séquences, foreign data wrappers, serveurs distants, large objects,
schémas, tablespaces et paramètres de configuration. Pour les autres types
d'objets, les droits par
défaut accordés à PUBLIC
sont les suivants : sur
les bases de données : les droits CONNECT
et
TEMPORARY
(création de table temporaire) ; sur les
fonctions et procédures : le droit EXECUTE
;
et sur les langages et types de données (y compris les domaines) : le
droit USAGE
. Bien sûr, le propriétaire de l'objet peut
révoquer, à l'aide de la commande REVOKE
, les droits
par défaut comme ceux expressément accordés. (Pour une sécurité maximale,
ordonnez REVOKE
dans la même transaction que celle qui
crée l'objet ; il n'y a alors aucune fenêtre où un autre utilisateur
peut utiliser l'objet.) Ces droits par défaut peuvent aussi être remplacés
avec la commande ALTER DEFAULT PRIVILEGES.
Tableau 5.1 liste les abréviations à une lettre utilisées pour les types de droits dans les valeurs des ACL (listes de contrôle d'accès). Vous verrez ces lettres dans la sortie des commandes psql plus bas, ou en consultant les colonnes ACL des catalogues système.
Tableau 5.1. Abréviations des droits dans les ACL
Droit | Abréviation | Types d'objets concernés |
---|---|---|
SELECT | r (« read ») |
LARGE OBJECT ,
SEQUENCE ,
TABLE (et objets similaires à des tables),
colonne de table
|
INSERT | a (« append ») | TABLE , colonne de table |
UPDATE | w (« write ») |
LARGE OBJECT ,
SEQUENCE ,
TABLE ,
colonne de table
|
DELETE | d | TABLE |
TRUNCATE | D | TABLE |
REFERENCES | x | TABLE , colonne de table |
TRIGGER | t | TABLE |
CREATE | C |
DATABASE ,
SCHEMA ,
TABLESPACE
|
CONNECT | c | DATABASE |
TEMPORARY | T | DATABASE |
EXECUTE | X | FUNCTION , PROCEDURE |
USAGE | U |
DOMAIN ,
FOREIGN DATA WRAPPER ,
FOREIGN SERVER ,
LANGUAGE ,
SCHEMA ,
SEQUENCE ,
TYPE
|
SET | s | PARAMETER |
ALTER SYSTEM | A | PARAMETER |
Tableau 5.2 résume les droits disponibles pour chaque objet SQL, avec les abréviations ci-dessus. Il affiche aussi la commande psql à utiliser pour consulter les valeurs des droits de chaque type d'objet.
Tableau 5.2. Résumé des droits d'accès
Type d'objet | Tous les droits | Droits par défaut pour PUBLIC | Commande psql |
---|---|---|---|
DATABASE | CTc | Tc | \l |
DOMAIN | U | U | \dD+ |
FUNCTION ou PROCEDURE | X | X | \df+ |
FOREIGN DATA WRAPPER | U | aucun | \dew+ |
FOREIGN SERVER | U | aucun | \des+ |
LANGUAGE | U | U | \dL+ |
LARGE OBJECT | rw | aucun | \dl+ |
PARAMETER | sA | aucun | \dconfig+ |
SCHEMA | UC | aucun | \dn+ |
SEQUENCE | rwU | aucun | \dp |
TABLE (et objets similaires) | arwdDxt | aucun | \dp |
Colonne de table | arwx | aucun | \dp |
TABLESPACE | C | aucun | \db+ |
TYPE | U | U | \dT+ |
Les droits accordés à un objet particulier sont affichés comme une liste
d'entrées aclitem
, chacune ayant le format :
grantee
=
privilege-abbreviation
[*
].../
grantor
Chaque aclitem
liste tous les droits d'un rôle qui ont été
donnés par un rôle particulier. Les droits spécifiques sont représentés par
des abréviations sur une lettre à partir de
Tableau 5.1, avec un *
ajouté si le droit a été donné avec l'option grant
.
Par exemple, calvin=r*w/hobbes
indique que le rôle calvin
a le droit
SELECT
(r
) avec possibilité de
transmission (« with grant
option ») ainsi que le droit
UPDATE
(w
), sans retransmission
possible ; droits accordés tous les deux par le rôle
hobbes
. Si calvin
a aussi des droits
sur le même objet accordés par un autre utilisateur, ils apparaîtraient
comme une entrée aclitem
séparée. Un champ vide dans un
aclitem
indique PUBLIC
.
Par exemple, supposons que l'utilisateur miriam
crée une
table mytable
et fasse :
GRANT SELECT ON mytable TO PUBLIC; GRANT SELECT, UPDATE, INSERT ON mytable TO admin; GRANT SELECT (col1), UPDATE (col1) ON mytable TO miriam_rw;
alors dans psql, la commande
\dp
afficherait :
=> \dp mytable Droits d'accès Schéma | Nom | Type | Droits d'accès | Droits d'accès à la colonne | Politiques --------+---------+-------+-----------------------+-----------------------------+------------ public | mytable | table | miriam=arwdDxt/miriam+| col1: +| | | | =r/miriam +| miriam_rw=rw/miriam | | | | admin=arw/miriam | | (1 ligne)
Si la colonne « Droits d'accès » est vide pour un objet donné,
cela signifie que l'objet a les droits par défaut(c'est-à-dire que
l'entrée des droits dans les catalogues systèmes est NULL). Les droits par
défaut incluent toujours tous les droits pour le propriétaire, et peuvent
inclure certains droits pour PUBLIC
en fonction du type
d'objet comme expliqué plus haut. La première commande
GRANT
ou REVOKE
sur un objet va
instancier les droits par défaut (en produisant, par exemple,
miriam=arwdDxt/miriam
) puis les modifier selon la
requête. De manière similaire, des entrées ne sont affichées dans
« Droits d'accès à la colonne » que pour les colonnes qui n'ont
pas les droits par défaut.(Note : dans ce contexte, on entend par
« droits par défaut » les droits par défaut intégrés à
PostgreSQL pour le type d'objet. Un objet dont les droits auront été
affectés par une commande ALTER DEFAULT PRIVILEGES
montrera toujours une entrée de droits explicite qui inclue les effets du
ALTER
.)
Notez que les droits de transmission (grant
option) implicites ne sont pas indiqués dans l'affichage
des droits d'accès. Un *
n'apparaîtra que si la
transmission a été explicitement accordée à quelqu'un.