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Documentation PostgreSQL 17.2 » Internes » Vues système » pg_locks

52.12. pg_locks #

La vue pg_locks fournit un accès aux informations concernant les verrous détenus par les transactions actives sur le serveur de bases de données. Voir le Chapitre 13 pour une discussion plus importante sur les verrous.

pg_locks contient une ligne par objet verrouillable actif, type de verrou demandé et processus associé. Un même objet verrouillable peut apparaître plusieurs fois si plusieurs processus ont posé ou attendent des verrous sur celui-ci. Toutefois, un objet qui n'est pas actuellement verrouillé n'apparaît pas.

Il existe plusieurs types distincts d'objets verrouillables : les relations complètes (tables, par exemple), les pages individuelles de relations, des tuples individuels de relations, les identifiants de transaction (virtuels et permanents) et les objets généraux de la base de données (identifiés par l'OID de la classe et l'OID de l'objet, de la même façon que dans pg_description ou pg_depend). De plus, le droit d'étendre une relation est représenté comme un objet verrouillable distinct, tout comme l'est le droit de mettre à jour pg_database.datfrozenxid. Et enfin, les verrous informatifs peuvent être pris sur les numéros qui ont la signification définie par l'utilisateur.

Tableau 52.12. Colonnes de pg_locks

Type

Description

locktype text

Type de l'objet verrouillable : relation, extend, frozenid, page, tuple, transactionid, virtualxid, spectoken, object, userlock, advisory ou applytransaction. (Voir aussi Tableau 27.11.)

database oid (référence pg_database.oid)

L'OID de la base de données dans laquelle existe l'objet à verrouiller, 0 si la cible est un objet partagé ou NULL si l'objet est un identifiant de transaction

relation oid (référence pg_class.oid)

L'OID de la relation visée par le verrouillage, ou NULL si la cible n'est ni une relation ni une partie de relation

page int4

Le numéro de page visé par le verrouillage à l'intérieur de cette relation ou NULL si la cible n'est pas un tuple ou une page de relation

tuple int2

Le numéro du tuple dans la page, ciblé par le verrouillage, ou NULL si la cible n'est pas un tuple

virtualxid text

L'identifiant virtuel de transaction visé par le verrouillage, ou NULL si la cible n'est pas un identifiant virtuel de transaction ; voir Chapitre 66

transactionid xid

L'identifiant de transaction ciblé par le verrouillage ou NULL si la cible n'est pas un identifiant de transaction ; voir Chapitre 66

classid oid (référence pg_class.oid)

L'OID du catalogue système contenant la cible du verrouillage ou NULL si la cible n'est pas un objet général de la base de données

objid oid (référence toute colonne OID)

L'OID de la cible du verrouillage dans son catalogue système ou NULL si la cible n'est pas un objet général de la base de données

objsubid int2

Numéro de la colonne ciblée par le verrou (classid et objid font référence à la table elle-même), ou 0 si la cible est un autre objet de la base de données, ou NULL si l'objet n'est pas un objet de la base de données.

virtualtransaction text

L'identifiant virtuel de la transaction qui détient ou attend le verrou.

pid int4

L'identifiant du processus serveur qui détient ou attend le verrou. NULL si le verrou est possédé par une transaction préparée.

mode text

Nom du type de verrou détenu ou attendu par ce processus (voir la Section 13.3.1 et Section 13.2.3)

granted bool

True si le verrou est détenu, false s'il est attendu

fastpath bool

True si le verrou a été obtenu grâce au raccourci, false s'il a été obtenu via la table principale des verrous

waitstart timestamptz

Horodatage du début de l'attente de ce processus pour ce verrou ou NULL si le verrou est détenu. Notez que ce champ peut être NULL pendant une période de temps très courte après que l'attente ait commencé même si granted vaut false.


granted est true sur une ligne représentant un verrou tenu par le processus indiqué. False indique que le processus attend l'acquisition de ce verrou, ce qui implique qu'au moins un autre processus détient ou est en attente d'un verrou en conflit sur le même objet. Le processus en attente dormira jusqu'à ce que l'autre verrou soit relâché (ou qu'une situation de deadlock soit détecté). Un processus seul ne peut attendre qu'au plus un verrou à la fois.

Au cours de l'exécution d'une transaction, un processus serveur détient un verrou exclusif sur l'identifiant virtuel de transaction. Si un identifiant permanent est affecté à la transaction (ce qui arrive normalement seulement si la transaction modifie l'état de la base), il détient aussi un verrou exclusif sur l'identifiant permanent de transaction jusqu'à sa fin. Quand un processus a besoin d'attendre la fin d'une autre transaction, il le fait en tentant d'acquérir un verrou partagé sur l'identfiant virtuel ou permanent de cette autre transaction . Ceci ne réussira que quand l'autre transaction se termine et relâche son verrou.

Bien que les lignes constituent un type d'objet verrouillable, les informations sur les verrous de niveau ligne sont stockées sur disque, et non en mémoire. Ainsi, les verrous de niveau ligne n'apparaissent normalement pas dans cette vue. Si un processus attend un verrou de niveau ligne, elle apparaît sur la vue comme en attente de l'identifiant permanent de la transaction actuellement détentrice de ce verrou de niveau ligne.

Un verrou d'insertion informatif consiste en un identifiant de transaction et un jeton d'insertion informatif. Le jeton est affiché dans la colonne objid.

Les verrous consultatifs peuvent être acquis par des clés constituées soit d'une seule valeur bigint, soit de deux valeurs integer. Une clé bigint est affichée avec sa moitié haute dans la colonne classid, sa partie basse dans la colonne objid et objsubid à 1. La valeur bigint originale peut être recréée avec l'expression (classid::bigint << 32) | objid::bigint. Les clés integer sont affichées avec la première clé dans la colonne classid, la deuxième clé dans la colonne objid et objsubid à 2. La signification réelle des clés est laissée à l'utilisateur. Les verrous consultatifs sont locaux à chaque base, la colonne database a donc un sens dans ce cas.

Bien qu'il soit possible d'obtenir des informations sur les processus bloquant d'autres processus en joignant la vue pg_locks avec elle-même, c'est très difficile à réaliser correctement dans le détail. Une telle requête devrait intégrer toutes les informations sur les conflits des modes de verrous. Pire, la vue pg_locks n'expose pas d'informations sur les processus en avance des autres dans les queues d'attente de verrous, pas plus que des informations sur les processus exécutés en parallèle pour d'autres sessions clientes. Il est préférable d'utiliser la fonction pg_blocking_pids() (voir Tableau 9.69) pour identifier les processus bloqués par d'autres processus.

Les verrous des transactions d'application sont utilisés dans un mode parallèle pour appliquer la transaction dans la réplication logique. L'identifiant distant de transaction est affiché dans la colonne transactionid. objsubid affiche le sous-type du verrou qui est 0 pour le verrou utilisé pour synchroniser l'ensemble des modifications et 1 pour le verrou utilisé pour attendre la fin de la transaction qui assure l'ordre de validation.

pg_locks fournit une vue globale de tous les verrous du cluster, pas seulement de ceux de la base en cours d'utilisation. Bien que la colonne relation puisse être jointe avec pg_class.oid pour identifier les relations verrouillées, ceci ne fonctionne correctement qu'avec les relations de la base accédée (celles pour lesquelles la colonne database est l'OID de la base actuelle ou 0).

La vue pg_locks affiche des données provenant du gestionnaire de verrous standards et du gestionnaire de verrous de prédicats, qui sont des systèmes autrement séparés ; de plus, le gestionnaire de verrous standards sous-divise ses verrous en verrous réguliers et en verrous rapides (fast-path). Cette donnée n'est pas garantie comme étant entièrement cohérente. Quand la vue est exécutée, les données des verrous fast-path (avec fastpath = true) sont récupérées à partir de chaque processus, un à la fois, sans geler l'état du gestionnaire des verrous. Donc il est possible que des verrous soient pris ou relachés pendant la récupération de l'information. Néanmoins, notez que ces verrous sont connus pour ne pas entrer en conflit avec les autres verrous déjà détenus. Après que tous les processus serveurs aient été interrogés pour connaître leur verrous fast-path, le reste du gestionnaire des verrous standards est verrouillé de manière unitaire et une image cohérente de tous les verrous restants est collectée en une seule opération atomique. Après avoir déverrouille le gestionnaire de verrous standards, le gestionnaire de verrous de prédicats est verrouillé de la même manière et tous les verrous de prédicats sont récupérés en une action atomique. Du coup, avec l'exception des verrous fast-path, chaque gestionnaire de verrous délivrera un état cohérent des résultats mais, comme nous ne verrouillons pas les deux gestionnaires de verrous simultanément, il est possible que les verrous soient pris ou relachés après avoir interrogé du gestionnaire de verrous standards et avant avoir interrogé le gestionnaire des verrous de prédicats.

Verrouiller le gestionnaire de verrous standards ou de prédicats peut avoir un impact sur les performances de la base de données si cette vue est fréquemment interrogée. Les verrous sont bloqués le temps minimum nécessaire pour obtenir les données des gestionnaires de verrous mais cela n'élimine pas complètement la possibilité d'un impact sur les performances.

La colonne pid peut être jointe à la colonne pid de la vue pg_stat_activity pour obtenir plus d'informations sur la session qui détient ou attend un verrou, par exemple :

SELECT * FROM pg_locks pl LEFT JOIN pg_stat_activity psa
    ON pl.pid = psa.pid;
   

. De plus, si des transactions préparées sont utilisées, la colonne virtualtransaction peut être jointe à la colonne transaction de la vuepg_prepared_xacts pour obtenir plus d'informations sur les transactions préparées qui détiennent des verrous. (Une transaction préparée ne peut jamais être en attente d'un verrou mais elle continue à détenir les verrous qu'elle a acquis pendant son exécution.) Par exemple :

SELECT * FROM pg_locks pl LEFT JOIN pg_prepared_xacts ppx
    ON pl.virtualtransaction = '-1/' || ppx.transaction;