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Documentation PostgreSQL 12.18 » Internes » Écrire un gestionnaire de langage procédural

Chapitre 55. Écrire un gestionnaire de langage procédural

Tous les appels de fonctions écrites dans un langage autre que celui de l'interface « version 1 » pour les langages compilés (ce qui inclut les fonctions dans les langages procéduraux utilisateur, les fonctions SQL), passent par une fonction spécifique au langage du gestionnaire d'appels. Le gestionnaire d'appels exécute la fonction de manière appropriée, par exemple en interprétant le code source fourni. Ce chapitre décrit l'écriture du gestionnaire d'appels d'un nouveau langage procédural.

Le gestionnaire d'appel d'un langage procédural est une fonction « normale » qui doit être écrite dans un langage compilé tel que le C, en utilisant l'interface version-1, et enregistrée sous PostgreSQL comme une fonction sans argument et retournant le type language_handler. Ce pseudo-type spécial identifie la fonction comme gestionnaire d'appel et empêche son appel à partir des commandes SQL. Pour plus de détails sur les conventions d'appels et le chargement dynamique en langage C, voir Section 37.10.

L'appel du gestionnaire d'appels est identique à celui de toute autre fonction : il reçoit un pointeur de structure FunctionCallInfoBaseData qui contient les valeurs des arguments et d'autres informations de la fonction appelée. Il retourne un résultat Datum (et, initialise le champ isnull de la structure FunctionCallInfoBaseData si un résultat SQL NULL doit être retourné). La différence entre un gestionnaire d'appels et une fonction ordinaire se situe au niveau du champ flinfo->fn_oid de la structure FunctionCallInfoBaseData. Dans le cas du gestionnaire d'appels, il contiendra l'OID de la fonction à appeler, et non pas celui du gestionnaire d'appels lui-même. Le gestionnaire d'appels utilise ce champ pour déterminer la fonction à exécuter. De plus, la liste d'arguments passée a été dressée à partir de la déclaration de la fonction cible, et non pas en fonction du gestionnaire d'appels.

C'est le gestionnaire d'appels qui récupère l'entrée de la fonction dans la table système pg_proc et analyse les types des arguments et de la valeur de retour de la fonction appelée. La clause AS de la commande CREATE FUNCTION se situe dans la colonne prosrc de pg_proc. Il s'agit généralement du texte source du langage procédural lui-même (comme pour PL/Tcl) mais, en théorie, cela peut être un chemin vers un fichier ou tout ce qui indique au gestionnaire d'appels les détails des actions à effectuer.

Souvent, la même fonction est appelée plusieurs fois dans la même instruction SQL. L'utilisation du champ flinfo->fn_extra évite au gestionnaire d'appels de répéter la recherche des informations concernant la fonction appelée. Ce champ, initialement NULL, peut être configuré par le gestionnaire d'appels pour pointer sur l'information concernant la fonction appelée. Lors des appels suivants, si flinfo->fn_extra est différent de NULL, alors il peut être utilisé et l'étape de recherche d'information évitée. Le gestionnaire d'appels doit s'assurer que flinfo->fn_extra pointe sur une zone mémoire qui restera allouée au moins jusqu'à la fin de la requête en cours, car une structure de données FmgrInfo peut être conservée aussi longtemps. Cela peut-être obtenu par l'allocation des données supplémentaires dans le contexte mémoire spécifié par flinfo->fn_mcxt ; de telles données ont la même espérance de vie que FmgrInfo. Le gestionnaire peut également choisir d'utiliser un contexte mémoire de plus longue espérance de vie de façon à mettre en cache sur plusieurs requêtes les informations concernant les définitions des fonctions.

Lorsqu'une fonction en langage procédural est appelée via un déclencheur, aucun argument ne lui est passé de façon traditionnelle mais le champ context de FunctionCallInfoBaseData pointe sur une structure TriggerData. Il n'est pas NULL comme c'est le cas dans les appels de fonctions standard. Un gestionnaire de langage doit fournir les mécanismes pour que les fonctions de langages procéduraux obtiennent les informations du déclencheur.

Voici un modèle de gestionnaire de langage procédural écrit en C :

#include "postgres.h"
#include "executor/spi.h"
#include "commands/trigger.h"
#include "fmgr.h"
#include "access/heapam.h"
#include "utils/syscache.h"
#include "catalog/pg_proc.h"
#include "catalog/pg_type.h"

PG_MODULE_MAGIC;

PG_FUNCTION_INFO_V1(plsample_call_handler);

Datum
plsample_call_handler(PG_FUNCTION_ARGS)
{
    Datum          retval;

    if (CALLED_AS_TRIGGER(fcinfo))
    {
        /*
         * Appelé comme fonction trigger
         */
        TriggerData    *trigdata = (TriggerData *) fcinfo->context;

        retval = ...
    }
    else
    {
        /*
         * Appelé en tant que fonction
         */

        retval = ...
    }

    return retval;
}
  

Il suffit de remplacer les points de suspension par quelques milliers de lignes de codes pour compléter ce modèle.

Lorsque la fonction du gestionnaire est compilée dans un module chargeable (voir Section 37.10.5), les commandes suivantes enregistrent le langage procédural défini dans l'exemple :

CREATE FUNCTION plsample_call_handler() RETURNS language_handler
    AS 'nomfichier'
    LANGUAGE C;
CREATE LANGUAGE plsample
    HANDLER plsample_call_handler;
  

Bien que fournir un gestionnaire d'appels est suffisant pour créer un langage de procédures minimal, il existe deux autres fonctions qui peuvent être fournies pour faciliter l'utilisation du langage. Ce sont les fonctions de validation (validator) et de traitement en ligne (inline handler). Une fonction de validation peut être fournie pour activer une vérification spécifique au langage lors du CREATE FUNCTION. Une fonction de traitement en ligne sera utilisé pour supporter les blocs de code anonymes exécutés via la commande DO.

Si une fonction de validation est fournie par un langage de procédures, elle doit être déclarée comme une fonction prenant un seul paramètre, de type oid. Le résultat de la validation est ignoré, donc elle peut renvoyer le type void. La fonction de validation sera appelée à la fin de la commande CREATE FUNCTION qui a créé ou mis à jour une fonction écrite dans ce langage. L'OID passé en argument est l'OID de la fonction, disponible dans le catalogue pg_proc. La fonction de validation doit récupérer cette ligne de la façon habituelle et réaliser les vérifications appropriées. Tout d'abord, elle appelle CheckFunctionValidatorAccess() pour diagnostiquer les appels explicites au validateur que l'utilisateur ne peut pas réaliser via CREATE FUNCTION. Les vérifications typiques incluent la vérification du support des types en arguments et en sortie, ainsi que la vérification syntaxique du corps de la requête pour ce langage. Si la fonction de validation est satisfait par la fonction, elle quitte sans erreur. Si, par contre, elle trouve une erreur, elle doit rapporter cette erreur au travers du mécanisme ereport() standard. Renvoyer une erreur forcera une annulation de la transaction et empêchera du même coup l'enregistrement de la fonction dont la définition est erronée.

Les fonctions de validation devraient typiquement accepter le paramètre check_function_bodies : s'il est désactivé, alors tout vérification coûteuse ou spécifique au contexte devrait être abandonnée. Si le langage permet l'exécution de code à la compilation, le validateur doit supprimer les vérifications qui impliquerait une telle exécution. En particulier, ce paramètre est désactivé par pg_dump, pour qu'il puisse charger le langage de procédures sans avoir à s'inquiéter des effets de bord et des dépendances possibles dans le corps des procédures stockées avec d'autres objets de la base de données. (À cause de cela, le gestionnaire d'appels doit éviter de supposer que la fonction de validation a vérifié complètement la fonction. Le but d'avoir une fonction de validation n'est pas d'éviter au gestionnaire d'appels de faire des vérifications, mais plutôt de notifier immédiatement à l'utilisateur si des erreurs évidentes apparaissent dans la commande CREATE FUNCTION.) Bien que le choix de ce qui est à vérifier est laissé à la discrétion de la fonction de validation, il faut noter que le code de CREATE FUNCTION exécute seulement les clauses SET attachées à la fonction quand le paramètre check_function_bodies est activé. Du coup, les vérifications dont les résultats pourraient être affectés par les paramètres en question doivent être ignorées quand check_function_bodies est désactivé pour éviter de échecs erronés lors du chargement d'une sauvegarde.

Si une fonction de traitement en ligne est fournie au langage de procédures, elle doit être déclarée comme une fonction acceptant un seul paramètre de type internal. Le résultat de la fonction de traitement en ligne est ignoré, donc elle peut renvoyer le type void. Elle sera appelée quand une instruction DO est exécutée pour ce langage. Le paramètre qui lui est fourni est un pointeur vers une structure InlineCodeBlock, structure contenant des informations sur les paramètres de l'instruction DO, en particulier le texte du bloc de code anonyme à exécuter. La fonction doit exécuter ce code.

It est recommandé de placer toutes les déclarations de fonctions ainsi que la commande CREATE LANGUAGE dans une extension pour qu'une simple commande CREATE EXTENSION suffise à installer le langage. Voir Section 37.17 pour plus d'informations sur l'écriture d'extensions.

Les langages procéduraux inclus dans la distribution standard sont de bons points de départ à l'écriture de son propre gestionnaire de langage. Les sources se trouvent dans le répertoire src/pl. La page de référence de CREATE LANGUAGE contient aussi certains détails utiles.